Rapports d'état des services publics

Dans le débat public, le sentiment croissant d’urgence et de dégradation des services publics s’exprime essentiellement à travers un discours déplorant des services publics qui s’effondrent. Ce discours fait écho de manière forte aussi bien au vécu des citoyens empêchés dans leur accès aux services publics, qu’à celui des agents publics qui subissent une perte de sens. Le discours dominant évoque un « effondrement », mais il masque la complexité des évolutions et la place persistante des services publics dans la cohésion sociale et la réponse aux crises. En croisant les regards d’une centaine d’agentes et d’agents de terrain, de chercheuses et de chercheurs, de cadres de l’administration, de citoyennes et de citoyens, nos rapports ont pour ambition de poser un diagnostic documenté et transversal sur les principales évolutions des services publics au cours de ces dernières décennies.

Rapport sur l’état des services publics 2023 - Services publics et besoin

Ce rapport propose un diagnostic transversal fondé sur l’évolution des besoins sociaux (vieillissement, massification scolaire, mobilité accrue, urgence écologique, violences faites aux femmes). Ces besoins croissent plus vite que les moyens publics, dont l’augmentation reste insuffisante et souvent mal répartie selon des priorités politiques conjoncturelles. Ce décalage ouvre un espace croissant pour une offre privée lucrative, largement financée ou solvabilisée par la puissance publique, mais socialement sélective. Les inégalités sociales et territoriales d’accès aux services publics se renforcent, réduisant leur capacité à jouer leur rôle d’égalisation. La qualité du service public se dégrade dans plusieurs secteurs (justice, santé, éducation), accentuant les fractures sociales et géographiques. Le rapport souligne un impensé majeur : la relation entre citoyens et services publics, marquée par un attachement symbolique fort mais une confiance pratique en recul. Les agents publics subissent directement cette dégradation, avec perte de sens, baisse d’attractivité des métiers et montée des frustrations.

Rapport sur l’état des services publics 2024 - Services publics et environnement

Le rapport sur l’état des services publics 2024 analyse les articulations entre services publics et crises environnementales, en prenant comme point de départ les besoins de la population. Il se fonde sur des chapitres thématiques retraçant les politiques publiques menées dans les 60 dernières années en matière de logement, d’eau, de transports, de travail et d’emploi ainsi que d’enseignement supérieur. Nous démontrons que les politiques publiques confrontées à la crise environnementale (logement, transports, eau, etc.) continuent largement à soutenir des activités qui aggravent les conflits entre besoins sociaux et besoins écologiques, quand elles n’accentuent pas ce soutien par un empilement de dispositifs aggravant à la fois la crise sociale et la crise écologique.

Ce rapport implique donc trois principales conclusions pour l’action publique :

  1. Une identification plus systématique des conflits de besoins et un arrêt ou une réorientation des politiques publiques qui les aggravent.
  2. Un arbitrage démocratique dans la satisfaction des besoins.
  3. Le réinvestissement dans des services publics universels et de qualité.

Rapport sur l’état des services publics 2025 - L’égalité face aux services publics

Ce rapport met en lumière une réalité préoccupante : l’accès aux services publics se fragmente, se complexifie, et permet de moins en moins de garantir des droits universels. Ce rapport est nourri d'une analyse détaillée sur six secteurs – santé, éducation, enseignement supérieur, logement, eau, services administratifs – complétée par quatre zooms territoriaux, sur le Jovinien dans l’Yonne, Saint-Paul à la Réunion, Meylan en Isère et Villeurbanne dans le Rhône, qui illustrent et enrichissent ces analyses par des récits de vie. Le recul des implantations territoriales de services publics « historiques » (guichets, poste, éducation) sans être uniforme, a été marqué sur les 40 dernières années. Par ailleurs, cette implantation territoriale ne suffit pas à garantir l’accès aux services publics, et l’accès aux services n’est qu’une dimension de l’accès effectif aux droits. Nous observons tout d’abord un recul d’accès aux droits : renoncement aux soins, accès limité au logement social ou à l’eau, non-recours aux droits sociaux. Nous identifions des mécanismes institutionnels qui tendent non pas à compenser ces inégalités mais à les aggraver automatiquement, en particulier dans l’allocation des moyens aux services publics. Ce rapport donne des outils d’analyse pour essayer de penser les inégalités d’accès au service public. Il se donne également comme ambition d’identifier des leviers concrets d’action : si demain l’égalité d’accès était un réel objectif de service public, peut-être faudrait-il commencer par revenir sur les mécanismes agissant en sens contraire.