Crise de l’hôpital public, manques d’effectifs pour combattre les feux de forêts, recrutements difficiles dans l’éducation ou dans la justice, etc. : après l’été de tensions majeures qu’ont connues les services publics dans notre pays, un budget de rattrapage semblait une évidence. Si la question des moyens est loin d’être la seule en jeu, et si un débat aurait été légitime sur l’ampleur du rattrapage nécessaire dans un contexte d’inflation, il ne semblait faire aucun doute que la priorité serait de mettre fin à la décroissance des moyens qui a présidé aux derniers budgets.
Un affichage “en valeur” qui ne reflète pas la réalité des prix.
L’affichage du projet de loi de finances (PLF) 2023 était plutôt encourageant. Après retraitement de l’effet de périmètre lié à la mise en extinction des mesures exceptionnelles et temporaires liées à l’épidémie de Covid-19 (notamment 10,5 Md€ de dépenses de santé et 1,1Md€ de fonds de solidarité), ce PLF affichait en effet une croissance des dépenses publiques de 65 Md€. Cet affichage “en valeur” ne reflète néanmoins pas la réalité des prix pour les services publics : dans la situation de forte inflation que nous connaissons aujourd’hui, cette hausse des dépenses publiques sera intégralement « consommée » par la hausse des prix.
Le retraitement de l’inflation (évolution “en volume”), en plus de celui des mesures exceptionnelles et temporaires, permet ainsi de comprendre la signification concrète du budget 2023 pour les services publics : une stagnation des moyens des services publics (+0,1 point), soit bien en deçà de la moyenne, déjà insuffisante, du dernier quinquennat (+1,2 points).
Non seulement le projet de loi de finances ne prévoit donc aucun rattrapage, mais il constitue le 2e budget le plus austéritaire des vingt dernières années, immédiatement derrière le budget “pré-gilets jaunes” de l’année 2018 (-0,9 point), avec un effort demandé équivalent à celui du budget le plus restrictif du mandat de Nicolas Sarkozy (2011).