Le 25 avril, que ferez-vous ?

L’extrême-droite est aux portes du pouvoir et pour la première fois son accession à la présidence de la République paraît possible. Son projet ? Institutionnaliser la “préférence nationale” - une ségrégation selon la nationalité - dans les services publics - de protection sociale, d’accès au logement ou de santé. Gouverner par référendum, afin de contourner le Parlement et la Constitution. Restreindre la liberté d’expression et sacrifier l’indépendance de la presse, privatiser l’audiovisuel public et sélectionner les journalistes. Remettre en cause les libertés associatives et syndicales, contraindre et surveiller les agents publics, et affaiblir toutes les potentialités de contre-pouvoirs.

“Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits” proclame l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, depuis 1789. Nos principes les plus élémentaires - égalité, Etat de droit, démocratie - peuvent-ils être si facilement piétinés ? L’expérience récente des régimes dont Mme Le Pen se dit proche - Hongrie, Pologne, Brésil, Russie, Etats-unis d’Amérique - démontre que ces gouvernements cherchent systématiquement à transformer les lois constitutionnelles pour y laisser leur trace, institutionnaliser le racisme et attaquer les libertés des femmes et des minorités. En France, même sans modification de la Constitution, même sans majorité parlementaire, les pouvoirs propres du gouvernement - par exemple d’organisation de la police, d’action des préfectures - constituent à eux seuls des leviers suffisamment puissants pour faire peser une grave menace sur la vie des habitant.e.s et la démocratie.

Et vous, agent.e.s dont le métier est de servir l’intérêt général, que ferez vous ? Si un gouvernement arrivait au pouvoir avec pour projet de retourner la puissance publique contre la République, que signifierait la loyauté au service public ? Comment, dans ces conditions, préserver et défendre la liberté, l’égalité et la fraternité ? Nous ne pouvons plus faire l’économie de nous poser ces questions au moment même où nous constatons avec inquiétude, que, si nombre de fonctionnaires rejettent les idées de haine, l’appareil d’Etat nous semble plus que jamais prêt à suivre, avec docilité ou résignation une extrême-droite banalisée parvenue aux responsabilités gouvernementales.
Nous n’avons pas créé ce collectif pour une échéance électorale ou une autre, et personne n’attend de nous une “consigne” avant d’aller mettre un bulletin dans l’urne. Nous manquerions cependant de courage ou de lucidité si nous ne relevions pas l’importance capitale du vote du 24 avril pour l’avenir des services publics et pour défendre la démocratie.

Et que le pire advienne ou non, nous continuerons à nous organiser collectivement. Car les orientations des services publics sont intrinsèquement politiques, et nous sommes plus que jamais convaincus que les agents doivent prendre toute leur place pour faire vivre la liberté, l’égalité et la fraternité.

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